♦ inscrit(e) le : 20/08/2013 ♦ messages : 158 ♦ crédit : mischievous wink
| Sujet: mon sang dans tes veines hurle son amour (juliet) Mer 28 Aoû - 15:16 | |
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❝ ELLE SE COURBE SOUS L'AMOUR DONT ELLE NE SAIT QUE FAIRE, PARCE QU'AIMER ELLE NE SAIT PLUS VRAIMENT CE QUE C'EST ❞
Le soleil décline à l'horizon, doucement. Flirtant avec les nuages absents, il se laisse noyer par la rosée céleste d'un ciel immaculé. Cette aube crépusculaire, ce foisonnement de couleur pastel se mariant dans une tendre mélancolie c'est la marque d'Acapulco. Sa renommée vient de cela, de ce rose embrassant le marine pâle avec harmonie. Posté devant la porte de la petite bicoque dont il a fait l'acquisition à son arrivée, le médecin fixe la porte d'un bleu soutenu, entouré de pierre rougeâtre. Cette explosion de couleur, c'est la force de ce pays. Comme un petit gage d'espoir, un chuchotis qui rappelle aux étrangers et aux natifs, qu'ils survivent. Que le Mexique survit a tout : aux dictatures, aux sangs versés, à l'abandon ... A tout. L'Alex se sent fragile depuis quelques jours, depuis qu'elle est venue se réfugier dans ses bras en réalité. Il ne comprend pas, il ne pense plus à rien d'autre qu'elle. Ce petit être brisé qui reste cloîtré dans les murs d'une maison jusqu'à présent à peine habité. Tirant sur le filtre asséché de sa cigarette, il puise dans ce bâtonnet de la mort le courage nécessaire pour la retrouver. Rejetant le mégot loin de lui, il pousse doucement la porte. Il se veut silencieux, le plus silencieux possible. Juliet, il le sait, a toujours aimé le doux silence. Juliet, c'est une petite fleur sauvage, elle aime la beauté brute, les choses vraies. Il dépose ses affaires dans l'entrée, et parcourt du regard le séjour, en quête de son éclat. Mais il n'y a rien. Juste une petite forme indistincte couchée sur le divan, observant les images silencieuses qui défilent sur le poste de télévision. Son coeur se serre à cette vue. Où est-il son bébé ? Ce petit être aux cheveux embroussaillé qui courait après lui dans le jardin familial ? Qui montait si haut aux arbres qu'il craignait toujours qu'elle ne tombe ? Tu es tombée ma Juliet, et si durement à en croire les marques qui zèbrent ton corps filiforme. Alex reste ainsi, sans mot dire, à l'observer. Elle n'est plus l'enfant qu'il a aimé de toutes les fibres de son être, elle n'est plus le petit trésor qu'il cherchait désespérément à protéger de tout. Lorsqu'elle est partie des années plutôt, il a su qu'elle ne reviendrait pas. Il avait toujours vu en elle, cette passion pour l'Ailleurs, pour le monde et les hommes. Elle aimait tout à l'époque, se fascinait de tout, s'éblouissait d'un rien. Il avait laissé partir un morceau de femme flamboyant, enflammé par le désir de vivre. Il ne revenait aujourd'hui qu'une braise, à peine rougeâtre, peinant à respirer tant elle s'étouffait par le poids de ses désillusions. Elle remue doucement, juste un poil. Le jeune homme y voit un signe, une autorisation. Alors il n’hésite plus. Il se glisse auprès d’elle, dépose un baiser sur son crâne avant de s’installer sur le canapé, frôlant son corps malade. Car elle est malade sa petite sœur, à sa façon bien à elle, elle est malade de vivre. « Comment vas-tu ? ». C’est une question idiote, il le sait tout autant qu’elle. Mais il se doit de la lui poser, il cherche sans doute du réconfort. Ses minables mensonges, ses ridicules tentatives de paraître forte le brise tout autant qu’elles doivent l’épuiser. Non, ce qu’Alex veut, c’est sa voix. Juste le timbre rassurant de sa voix. Une preuve dérisoire de son existence. Savoir qu’elle est toujours un peu là, toujours un peu elle malgré tout.
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